« FianZailles » : coulisses de l’écriture de cette nouvelle SF-horreur

FianZailles nouvelle SF horreur de Jérémie Lebrunet publiée par Walrus BooksVous saviez peut-être que Walrus Books a publié mon texte « FianZailles » sur Wattpad ? J’ai écrit le 1er jet de cette nouvelle de 54 000 signes en une journée (10 h d’écriture d’affilée). Je me suis senti très inspiré ce jour-là ! Par contre, les semaines précédentes, ce n’était pas vraiment ça…

Comme l’inspiration, ça ne vient pas forcément sans rien faire, voici un partage sur le processus de création de ce texte.

Couverture par Gianluca Ramalho Misiti.

Préparation préalable

Comme pour toute création, on est plus ou moins inconsciemment influencé par tout ce qu’on a vu/lu/entendu avant, ce qui ne nous empêche pas de produire des récits uniques. Alors autant en profiter ! Comme moi, vous pourriez choisir de :

  • nourrir votre imaginaire en lisant « Toxic » (1er épisode gratuit sur Amazon) et en regardant « The Walking Dead » pour avoir un bon aperçu des hordes de zombies décharnés… Voir cette série télé n’est pas obligatoire, moi je ne connaissais pas encore à l’époque, mais j’y ai vite remédié ; mais ce n’est pas suffisant non plus puisque dans « Toxic » , il y a aussi des aliens.
  • vous armer de patience, prendre un cahier, un stylo et remiser votre ordi à la cave !

Pour poser les bases d’une histoire, j’ai pris l’habitude de travailler d’abord sur papier pour pouvoir jeter facilement toutes les idées qui me viennent, rajouter des notes dans les marges et pouvoir faire des flèches dans tous les sens sans contrainte pour raccrocher les morceaux, un peu à la façon du mindmapping.

Généralement, pour les nouvelles, assez courtes pour que tout tienne dans ma tête, je ne fais pas davantage de préparation au niveau du scénario.

Qualités indispensables

Pour que nos tentatives d’écriture ne finissent pas aux oubliettes, il est nécessaire de faire preuve de plusieurs qualités, à commencer par la persévérance (mais ça, c’est valable pour tout dans la vie) :

  1. savoir abandonner une idée bancale, incomplète ou pas assez forte, et la recycler dans autre chose.
  2. savoir laisser reposer jusqu’à ce que tout ce mélange ait mûri dans notre inconscient et soit prêt à se déverser sur le clavier.
  3. saisir la balle au vol ! Quand c’est le moment, se couper du monde pour écrire ce qui doit être écrit.

=> Le point 1 me semble très important et c’est celui que je voudrais illustrer dans cet article.

FianZailles nouvelle SF horreur de Jérémie Lebrunet publiée par Walrus BooksEn effet, au début, j’ai eu plusieurs idées d’histoires qui me sont venues (il se passe beaucoup de choses dans la saison 1 de « Toxic » , autant d’occasions de créer des histoires). Je les ai partiellement développées, non sans plaisir, et il n’a pas été facile de reconnaître qu’elles n’étaient pas bonnes… Qu’elles étaient même vouées à finir bancales, incomplètes, décevantes…

Mais j’ai rebondi en recyclant l’idée centrale de l’une d’elles (une histoire d’amour) pour l’intégrer sous une autre forme dans l’histoire qui est devenue « FianZailles » . Je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler cette nouvelle que vous pouvez lire gratuitement sur Wattpad et vous mets ci-dessous le texte jamais finalisé, dans sa version brute, initialement intitulé « Je Pars ce Soir » .


JE PARS CE SOIR

Ils approchaient. Je pouvais le dire rien qu’à l’augmentation de la puanteur. Mais c’était surtout aux bruits que je mesurais la progression de la horde dans les rayons du magasin. Les grognements étouffés et les raclements des chaussures tenant encore sur leurs pieds pourris me l’indiquaient très clairement.

Me cacher n’aurait servi à rien car le sang qui coulait de ma blessure finirait tôt ou tard par me trahir. Les nombreuses gouttes tombées au sol avaient dû les exciter. L’odorat des zombies paraissait bien plus développé que celui des personnes non contaminées. Heureusement pour notre petit campement en bordure de la ville, ce n’était pas le cas de leur intelligence…

Il nous fallait fuir. Je jetai un coup d’œil à Melinda, assise par terre à mes côtés, adossée contre les rayons en tête de gondole. Elle respirait de façon saccadée, signe que la panique ne tarderait pas à la submerger si nous ne sortions pas rapidement d’ici.

En prenant garde à ma main blessée, je me penchai pour jeter un œil en arrière dans l’allée. Entre les alignements de croquettes pour chats et les produits d’entretien, les m-v n’étaient plus qu’à une vingtaine de mètres de notre position. Cette journée n’avait pourtant pas trop mal commencé au campement.

Je croisai le regard de Melinda : une bête traquée, apeuré. Le mien affichait sans doute la même expression. Je hochai la tête pour l’interpeller, montrant la direction du rayon boucherie sur notre gauche, et entamai un décompte sur ma main valide, de cinq jusqu’à un. Ma nouvelle compagne en ce monde post-apocalyptique connaissait bien la signification de ce compte à rebours, et quand je repliai le dernier doigt, nous nous levâmes d’un seul et même mouvement.

Dans mon sac à dos, les boîtes de conserve et les bouteilles d’huile s’entrechoquèrent. Je ne sais pas ce qui attira en premier l’attention des contaminés, mais leur réaction fut immédiate. Un grognement collectif s’éleva dans le magasin devant la perspective d’un repas et leurs déplacements se firent plus rapides. « Ça sent la chair fraîche par ici ! » aurait rugi un ogre dans un de ces dessins animés que je ne verrais plus jamais. Ma gorge se noua à la pensée de ma fille, mais je chassai ce souvenir. Ce n’était pas le moment.

J’évitai de regarder dans les rayons pour me concentrer sur notre objectif, mais du coin de l’œil, je voyais la horde se rapprocher dangereusement. Dans chaque rayon devant lequel nous passions, les créatures étaient de plus en plus proches. Nous allions opérer la jonction avec la porte de sortie quand un zombie en haillons déboula devant nous. Son visage décharné laissa entrevoir une dentition incomplète. La peau des mains et des avant-bras avait disparu, révélant la chair sous-jacente. Un logo sur ce qui lui restait de chemise m’indiqua que, dans son ancienne vie, le cadavre ambulant avait livré les pizzas.

Je pilai net, sachant ce que signifierait le moindre contact. Melinda poursuivit sur sa lancée et, juste avant que les mains du mort ne la saisissent, elle se jeta au sol pour effectuer une glissade et se retrouver derrière lui, au pied de la vitrine de la boucherie. Comme dans un film ! Je ne l’aurais pas cru capable de ça, mais j’avais appris que la peur donne parfois des ailes.

[…]

SUITE A ÉCRIRE : Ils s’enfuient, arrivent à leur campement, mais leurs amis se font enlever sous leurs yeux par les drones des aliens. Tom veut aller les aider pendant que Melinda reste cachée, mais il arrive trop tard. Melinda se fait enlever à son tour et le drone s’en va.

Tom est désespéré et veut la rejoindre. Il allume un feu en haut d’un building pour attirer l’attention et que les drones viennent le prendre.

FIN


Je voulais une entrée en matière qui soit très immersive (action et danger immédiats, narration à la 1e personne) et je l’ai conservée pour « FianZailles » . L’histoire d’amour devait être centrale pour justifier que le protagoniste se laisse mourir à la fin (vous verrez que ce levier est exploité autrement dans « FianZailles » ^^). Mais en même temps, je trouvais ça un peu banal et très mélodramatique, ce personnage passif et impuissant qui voit ses proches disparaître un par un sous ses yeux… Et même si j’avais quelques idées pour prolonger l’histoire après sa capture (l’univers de « Toxic » est riche), aucune ne me satisfaisait vraiment.

Au final, ça n’a pas été facile d’abandonner cette idée, mais je pense que j’ai gagné au change 😉 Et qui sait, cette intro flippante dans le supermarché me resservira peut-être dans un autre texte…

2 réflexions au sujet de “« FianZailles » : coulisses de l’écriture de cette nouvelle SF-horreur”

  1. Salut Jérémie, c’est vrai qu’on ne doit pas jeter nos textes, au cas où ils seraient recyclés plus tard 😉 J’aime beaucoup ton début de nouvelle, en effet, et c’est vrai que la fin aurait été plutôt plate par rapport au début en fanfare.
    Et le fait de ne pas jeter ce texte t’aura permis de créer ton FianZailles que j’ai lu et beaucoup apprécié.
    Je n’ai toujours pas lu « Toxic », je vais m’y mettre dès que possible. Je suis curieuse de voir ce que donne le mélange zombies-aliens car si j’aime les univers avec des zombies, je suis moins attirée par les ET. A priori.

    Répondre
    • Bonjour Marjorie !
      Content de te revoir par ici, ça faisait longtemps que je n’avais rien publié 😉 Merci pour ton commentaire, je suis content que tu aies apprécié FianZailles et aussi le début de « Je Pars ce Soir ». En effet, la fin aurait été un peu plate ! ^^
      Le mélange alien-zombie est très habile concernant les enjeux pour les humains, pris entre les 2 feux, et bien dosé. Moi, c’était les zombie qui me tentaient moins à l’époque, mais Stéphane Desienne m’a réconcilié avec eux 😉 J’espère que ça te plaira si tu franchis le pas !
      A bientôt,
      Jérémie

      Répondre

Laisser un commentaire