En quoi une bonne estime de soi est-elle nécessaire aux écrivains ?

l'estime de soi est importante pour réussir à écrire un romanAussi étonnant que cela paraisse avec le succès mondial de ses romans, Stephen King raconte dans « Écriture » qu’il a longtemps eu honte de ses textes.

« Comment est-ce possible pour un écrivain aussi célèbre ? » demanderez-vous. Parce que King est un humain comme nous, soumis à la force des croyances négatives qu’il avait sur son travail.

Dans cet article, je vais vous parler de l’impact de ces croyances sur nos émotions, notre confiance en nous et notre créativité.

Le problème de Stephen King avec l’écriture

Dans son livre sur le métier d’écrivain, Stephen King explique comment, adolescent, il a contracté une maladie horrible à cause de médisances envers son travail : la honte.

Il avait novellisé un film d’horreur vu au cinéma, l’avait tiré en plusieurs exemplaires grâce à la presse à tambour de son grand frère et en avait vendu une vingtaine au collège. Le jeune King était ravi de ce premier succès éditorial mais le proviseur l’a convoqué dans son bureau en lui disant que le collège n’était pas un marché et qu’il devait rembourser ses camarades. L’élément déclencheur de la honte fut sa prof d’anglais qui lui dit qu’il gâchait son talent à écrire des idioties pareilles.

Le jugement négatif d’un adulte à qui un enfant reconnaît une autorité fondée sur la compétence (ici, une prof) est l’une des façons de contracter des croyances limitantes à l’encontre de son travail. Je reparlerai plus tard des autres manières d’en avoir et de comment s’en prémunir.

honte versus confiance en soi pour l'écriture de romanKing a réussi sa carrière d’écrivain malgré cela, même s’il a longtemps souffert de ce sentiment et que ça l’a gêné dans sa pratique, surtout au début. Dans « Écriture », il partage la joie qu’il a ressentie plus tard à la vente de ses premières nouvelles, puis avec le succès fulgurant de son roman « Carrie ».

Tout ça a sûrement contribué à améliorer l’estime qu’il portait à son travail, même si les succès extérieurs sont parfois insuffisants pour changer les états intérieurs provoqués par des croyances. Les émotions ne suivent pas la même logique que notre mental.

Créativité et estime de soi

Notre créativité est un bien précieux qu’il faut savoir entretenir, nourrir et préserver des personnes qui ont la critique facile. Meilleure est l’estime que l’on a de soi et plus il est facile et agréable de laisser cette créativité s’exprimer librement.

Si l’on a une mauvaise estime de soi, on risque bien de croire que notre travail va être médiocre et on craint qu’il ne reçoive pas un bon accueil des éditeurs et des lecteurs. Penser cela ne nous conduit pas à donner le maximum : pourquoi se donner du mal si notre projet est voué à l’échec ? Le processus créatif s’enraye et le résultat n’est pas optimal (voire pas fini ou même pas commencé), ce qui limite nos chances d’atteindre nos objectifs (King a quand même réussi !). Les échecs viendront conforter notre mauvaise estime de nous et bien souvent on baisse les bras…

A l’inverse, si l’on a une bonne estime de soi, on sait qu’on est et restera quelqu’un de bien, quoi qu’on écrive et indépendamment de l’avis des autre. Serein et optimiste, on est centré sur soi et pas sur le regard des autres. On mobilise toutes nos ressources pour faire aboutir nos projets d’écriture. Les déconvenues sont vues comme des occasions d’apprendre et on persévère jusqu’à réussir.

Les croyances limitantes entravent notre créativité

A l’origine de l’estime de soi, il y a notre système de croyances. Les croyances sont des certitudes qu’on a sur soi, sur les gens, sur les choses, sur la vie… Elles modèlent nos actions et notre façon de percevoir ce qui nous arrive. Par exemple, dans nos inconscients d’écrivains peuvent rôder des croyances limitantes du genre :

  • « Je crois que mes écrits n’intéresseront personne »
  • « Je crois que je ne suis pas capable d’être écrivain »
  • « Je crois qu’il est impossible de vivre du métier d’écrivain »
  • « Je crois que je suis nul »

Vous comprendrez sûrement que de telles certitudes puissent fortement entraver la réalisation d’un projet. Afin d’illustrer mon propos, je cite ces 4 idées auxquelles je croyais il n’y a pas si longtemps, mais chacun d’entre nous décline ce genre de croyances à sa façon. Peut-être en reconnaissez-vous certaines ou bien en avez-vous d’autres ?

Vous pouvez d’ailleurs essayer de faire ce test simple pour voir où vous en êtes dans votre estime de vous : dites à voix haute « Je suis un excellent écrivain » et écrivez ce qui vous vient à l’esprit en réaction, à propos de vous ou de votre écriture.

La transformation

le développement personnel pour améliorer l'estime de soi des écrivainsHeureusement, la bonne nouvelle, c’est que ces croyances limitantes ne sont pas la réalité, qu’on peut les transformer et développer des sentiments positifs et dynamisants, comme acquérir une bonne estime de soi !

Par exemple, aujourd’hui, je suis persuadé à 90 % que « Je suis parfaitement capable de devenir écrivain et de vivre de ce travail ! » C’est ce que je veux accomplir et si certains y arrivent, pourquoi pas moi ? Les 10 % de doute disparaîtront avec le temps, la pratique et les réussites.

Depuis ce changement, c’est la libération : j’écris beaucoup plus facilement, l’inspiration coule, je finis ce que je commence (j’ai envoyé des nouvelles pour des AT !), j’ai de moins en moins peur du regard des autres sur mes textes, etc.

Et peu importe que ces croyances positives correspondent à la réalité ou non, l’important c’est l’effet émotionnel qu’elles provoquent chez nous : pessimisme et déprime ou alors confiance et enthousiasme ?

Pour comprendre comment j’ai fait pour transformer ces croyances, découvrez cet article sur une technique d’autohypnose pour devenir écrivain, et prochainement, j’expliquerai une deuxième technique qui m’a beaucoup aidé. Le livre de Julia Cameron m’a également été très utile pour débloquer ma créativité.

 

Et vous, avez-vous une bonne estime de vos talents d’écrivain ? À combien de pourcents croyez-vous être capable d’écrire un roman et d’en faire votre métier ?

18 réflexions au sujet de “En quoi une bonne estime de soi est-elle nécessaire aux écrivains ?”

  1. Salut, intéressant article. Je crois que la réponse à la question finale n’est pas entièrement liée à son estime et donc au facteur psychologique, mais plutôt au facteur économique actuel : écrire son roman est une chose, en vivre est une autre.

    Et actuellement, rester sur une situation d’amateur ou semi-pro est plus une stratégie de prudence (le métier principal apportant les revenus trop faibles à se procurer par la seule activité d’écrivain) que de motivation. Une histoire de charrue et de boeufs en quelque sorte 😉

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    • Salut Guillaume,
      Merci pour ta réponse ! Je suis d’accord avec toi que dans un premier temps, tant qu’on n’a pas encore beaucoup de textes à son actif, il ne serait pas très prudent financièrement d’abandonner son job principal pour se lancer dans l’écriture à plein temps 😉 Et encore faut-il en avoir envie.
      Mais le fait de réussir à écrire, à aller au bout de ses textes, à les publier et à commencer à générer un revenu est à mon avis grandement conditionné par l’estime que l’on a de soi. Je pense aussi que ce que l’on croit possible ou non influe sur ce que l’on va oser faire et sur les moyens qu’on va mettre en œuvre pour ça. Pour ma part, je choisis de croire que vivre de ce métier est possible. Comme disait Mark Twain : « Il n’y a rien de plus triste qu’un jeune pessimiste » 😉
      Mais l’écriture n’est pas un domaine à part, il en va de même pour les entretiens d’embauche, les concours, les compétitions sportives, etc.
      À bientôt,
      Jérémie

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  2. Salut,
    Je pense que dans n’importe quel domaine dans la vie, il est impératif de croire en soi. Premièrement parce que le positif attire le positif et inversement, et puis surtout parce que si on ne croit pas en soi-même, comment faire pour que les autres eux croient en nous? L’important c’est de se dire que l’on va réussir et de donner le maximum dans ce but, pas de raison que cela ne paie pas.

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    • Salut Derek,
      Je suis tout à fait d’accord avec ce que tu décris, le positif attire le positif. Certains appellent ça la loi de l’attraction, je pense que j’en reparlerai dans un article prochainement, j’ai récemment lu un livre très intéressant d’Anthony Robbins sur le sujet.
      A bientôt,
      Jérémie

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  3. Salut

    Tout ce que je regrette, c’est de na pas avoir été parmi vos lecteurs depuis le début. Aucune école n’est capable de donner autant de savoir, aucun manager n’est capable de pousser un homme aussi vite à faire des pas de géants. Seulement avec des mots, rien que des mots simples et accessibles à tous.Vous êtes un héros. Bravo.

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    • Bonjour,
      Content que l’article vous ait plu 🙂 Mais « un héros », c’est peut-être un peu fort… Il existe beaucoup de livres de développement personnel sur ce genre de sujet. Je pense par exemple aux livres de Julia Cameron dont j’ai fait la chronique ici ou à ceux d’Anthony Robbins.
      A bientôt,
      Jérémie

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  4. J’ai toujours eu un problème pour terminer des histoires. Bizarrement j’en ai aucun avec des poèmes et même les critiques de mes proches ne m’arrêterons pas d’en écrire quand j’en ai envie (j’aime les publiés sur internet un jour quand j’en aurais beaucoup j’en ferais peut-être un livre mais rien ne presse). En revanche dès qu’on parle d’une histoire et d’un roman c’est autre chose. J’ai écrit mon premier roman très jeune et je l’ai achevé (mais bon c’était une histoire de gamine qui ressemblait beaucoup à Belle et Sébastien mais avec un loup à la place lol). Et après j’ai vraiment voulu écrire un roman et le faire publié, je crois que c’est ma mère qui m’a un peu démonter quand j’ai voulu lui montrer au début, elle avait vraiment pas l’air convaincu ça ne m’a pas trop aidé, même si elle m’a ensuite donner des conseils…. Donc mon estime de soi pour mon roman (que je n’ai toujours pas abandonné dans l’espoir de le terminer un jour) est lamentable et au plus bas….

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    • Bonsoir Lunawen,
      Parfois les premières réactions de nos proches face à un texte ne sont pas « délicates » ni « adaptées », le tout étant de réaliser que ce n’est pas représentatif de ce qu’en pensera notre lectorat et que le texte qu’on leur a proposé n’était sans doute pas dans sa version finale ! (peut-être en était-il très loin d’ailleurs, car le travail de réécriture et correction peut radicalement le transformer)
      C’est en pratiquant et en obtenant des réussites (des textes courts ? en atelier ?) que l’on peut reconstruire peu à peu notre estime de nous-mêmes, parallèlement à un travail de développement personnel sur les croyances limitantes. Je te souhaite de retrouver cette confiance ainsi que le plaisir d’écrire 😉
      A bientôt,
      Jérémie

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    • Bonsoir Gaëlle,
      Il est parfaitement possible d’écrire même si l’on n’a pas confiance en soi. Mais mon point de vue est que ce manque de confiance peut sérieusement entraver notre pratique et notre réussite, ça dépend surtout de ce que l’on croit sur soi et de ce que l’on croit possible.
      Je ne sais pas ce que vous appelez « rédacteur » ? Rédacteur d’articles de journal ou de blog par exemple ? Pour moi, c’est un travail d’écriture au même titre que celui de l’écrivain qui écrit des histoires. Le premier relate des faits réels, le second des faits imaginaires. Le matériau et le format ne sont pas les mêmes, mais dans les 2 cas, je pense qu’on a besoin de faire preuve de créativité, et la confiance en soi aide à produire un travail de qualité et à aller au bout des choses.
      J’espère avoir répondu à vos questions,
      A bientôt,
      Jérémie

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    • Cependant un rédacteur correspond à un poste professionnel de secrétaire ou communicant dans une collectivité, association, entreprise ou administration. Ses rôles n’étant pas vraiment d’écrire des œuvres littéraires il faut le distinguer de l’écrivain.

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  5. J’ai fait mon « coming out » il y a peu ! J’écris depuis longtemps mais je l’ai toujours fait en cachette par peur du jugement des autres. J’ai fini par en parler a ma soeur, qui a lu ce que je faisais, a beaucoup aimé et m’a encouragé a en parler a mon conjoint, qui lui même a aimé. Mais malgrés leurs compliments, je reste toujours trés (trop) critique. Ce que j’écris me plait, puis je le relis 3 jours plus tard je trouve cela nul, je le corrige et ainsi de suite…
    J’ai toujours manqué de confiance en moi et je pense ne jamais réussir à être satisfaite de mon travail un jour !

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    • Bonjour Harmonie,
      Super pour ton « coming out » qui est une étape vers plus d’assurance 😀 En parler à ses proches peut aider à prendre confiance, mais peut-être que des échanges avec d’autres auteurs pourraient encore t’aider à progresser et, qui sait, à te rapprocher d’une certaine satisfaction quant à ton travail ? Je sais que le forum de bêta-lecture Cocyclics m’a beaucoup aidé, notamment grâce à son ambiance bienveillante (les modérateurs veillent), mais aussi parce qu’on a pointé autant mes points forts que les points à travailler.
      Si tu n’écris pas de SFFF (seuls genres admis sur Cocyclics), sache qu’il y a aussi le forum Millefeuilles qui est ouvert à tous les genres. J’espère que ce type de travail te conviendra 😉
      Amicalement,
      Jérémie

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  6. Bonjour,
    J’ai eu la chance d’avoir un roman édité. Malheureusement, mon éditeur s’est trompé de pdf et le livre est paru plein de mes fautes de grammaire. M’estimant heureuse d’avoir été édité et me disant que les plus grands éditeurs aussi font des erreurs, au début tout aller bien. Mais les critiques sur le livre avant que la deuxième impression ne paraissent m’ont carrément laissé dans un gouffre dont je n’arrive pas sortir. J’ai du mal à écrire, je me dis que c’est pas bien, je recommence sans cesse et je veux changer de nom de plume.
    Une question : Dois-je changer de nom de plume (évitant ainsi les mauvaises répercussion du 1er et sa pub)et prendre un nouveau départ ou dois-je garder mon nom ?
    En espérant pourvoir me remettre à écrire.
    Je vous remercie beaucoup pour cette page,
    à bientôt.
    Mme Anonyme

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    • Bonjour Mme Anonyme,
      Je comprends ton désarroi face à cette erreur de l’éditeur… Je ne comprends pas qu’il n’ait pas rectifié en rappelant les ouvrages et les faisant réimprimer ! C’est sûr que c’est un coût, mais c’est son professionnalisme d’éditeur qui est en jeu, sa réputation, ainsi que ton image d’auteure. Et puis quand on choisit de faire un métier, on se doit d’en accepter les contraintes. Il fait une erreur, il assume.
      Quant à ton envie de changer de nom de plume, je ne sais trop quoi te conseiller. Ca dépend où se trouvent lesdites critiques. Si c’est sur Amazon, alors je te conseille de changer, tant il y a de lecteurs à passer par ce site. Dans tous les cas, ça te permettra de repartir avec une image « neuve » ce qui peut être un bon choix si tu n’as pas vendu beaucoup de livres avec cet éditeur. De plus, si tu te lances dans l’autoédition, ça peut te permettre de redémarrer sur de bonnes bases. A toi de voir ce que tu sens le mieux comme solution. Si tu ne te sens pas à l’aise avec cette première image publique d’auteure, mieux vaut changer. Quoi qu’il en soit, n’oublie pas que ce sont les expériences, bonnes et mauvaises, qui nous font progresser dans cette vie et que c’est la persévérance qui nous permet d’accomplir ce dont on rêve. Pour construire une maison, il ne suffit pas de lancer les briques en l’air et espérer qu’elles retombent à la bonne place 😉
      Amicalement,
      Jérémie

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      • Bonsoir Jérémie,
        Merci beaucoup pour ta réponse. Effectivement mon livre est sur amazon et la fnac, je vais donc prendre un nouveau départ.
        Je ne sais pas quoi dire de plus, à part te dire une nouvelle « merci ». Ta réponse m’aide, je me sens mieux.
        Vive l’auto-édition.
        Amicalement
        Mme Anonyme

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