5 leçons tirées du livre de Stephen King « Écriture »

écriture, manuel d'aide aux écrivains débutantsJ’ai beaucoup apprécié « Écriture, mémoires d’un métier » de Stephen King, tant pour la sincérité avec laquelle il parle de sa vie d’écrivain, que pour les conseils donnés au débutant pour écrire des romans. Il se consacre à cette pratique depuis l’adolescence et a produit une cinquantaine de livres, sans parler des cent-soixante nouvelles.

J’en ai tiré 5 leçons importantes pour mieux vivre l’écriture et améliorer ma manière d’écrire.

Ça fait des années que je n’avais rien lu de Stephen King et je ne crois pas que j’en relirai (l’horreur ne m’attire plus). Mais très franchement, j’ai passé un bon moment ! Ce livre se lit très bien, le style est fluide et King est sympathique et touchant. De plus, ce qu’il partage sur le métier est vraiment instructif et pertinent pour les écrivains débutants.

La vie du « maître de l’horreur »

portrait de Stephen King, auteur de romans à succèsDans la partie 1, l’auteur raconte avec beaucoup de naturel et d’humour son enfance et son adolescence, ce qui a construit son goût pour l’écriture, et notamment pour le genre de l’horreur. Puis il explique les difficultés qu’il a rencontrées au début de son métier d’écrivain.

Il raconte qu’il a longtemps ressenti de la honte par rapport à ce qu’il écrivait. Je trouve ce fait tellement significatif que j’en parle dans cet article consacré à l’estime de soi.

Lui et sa femme ont aussi traversé pas mal de difficultés financières avant que ses textes lui permettent de gagner beaucoup d’argent. Ce que j’apprécie, c’est que l’auteur reste humble et simple face à son succès, on sent qu’il est un homme comme les autres.

Stephen King a aussi eu des problèmes d’alcool et de cocaïne (il n’explique pas quelle en est l’origine). Il dit avoir eu du mal à s’en sortir car il croyait que sans ces substances, il ne trouverait plus l’inspiration. Mais face à la menace du divorce, de la solitude et de la mort, il a préféré sacrifier l’écriture. Et miracle… il a continué à écrire et à trouver l’inspiration.

comment trouver l'inspiration, ou la hantise de la page blancheDans cette partie, j’ai retenu 2 leçons importantes concernant le métier d’écrivain :

1- Il démystifie « l’inspiration » qui pour lui n’est pas quelque chose de magique qu’il faut attendre désespérément devant une feuille blanche, ni un don réservé à quelques rares élus (j’approuve). Il explique les difficultés rencontrées pour écrire « Carrie », son premier roman à succès, et comment il s’est retrouvé bloqué pour « Le Fléau », le roman préféré de ses lecteurs. King plaisante en expliquant que l’inspiration viendra nous rendre visite quand elle saura où nous trouver tous les jours de 9h à 13h (ce sont ses horaires de travail). La régularité dans la pratique, un secret si simple…

2- Il y a une juste place à donner à l’écriture dans sa vie. Ne pas prendre le temps d’écrire est un problème, mais écrire tout le temps au point de négliger ses proches ou sa santé est une mauvaise option. C’est parfois mon cas : sur mon temps libre après le travail, j’ai tendance à ne faire qu’écrire et à ne pas laisser place à autre chose. Or que fera-t-on quand nos proches seront partis ou que la vie et la santé auront filé sans qu’on en profite ? L’écriture doit servir à s’exprimer, à s’épanouir, à gagner de l’argent, mais pas au détriment des autres sphères de notre vie.
King dit d’ailleurs :

La vie n’est pas un système logistique destiné à soutenir l’art. C’est le contraire.

Des conseils pour l’écriture

Dans la partie 2, les écrivains débutants peuvent profiter des conseils de Stephen King pour rendre leurs textes plus agréables à lire et plus puissants. Il insiste beaucoup pour que les outils linguistiques soient mis au service de l’histoire. Je vais citer trois conseils qui m’ont marqué parmi tous ceux que contient le livre, mais il faudra vous reporter à l’ouvrage pour en trouver la justification développée.

3- King milite pour une amélioration formelle du texte en le simplifiant :

  • Suppression des adverbes de manière : les lourds mots en –ment dont on a tendance à truffer nos phrases au début pour être sûr que le lecteur nous comprenne bien.
  • Suppression de la voix passive qu’il juge trop molle : par exemple, « la nouvelle le surprit » a plus de force que « il fut surpris par la nouvelle ».
  • Banalisation des verbes déclaratifs : King est partisan du « dit-il » plutôt que du « éructa-t-il », le contexte et les paroles devant permettre de comprendre le ton employé.
  • Structuration des paragraphes selon une règle simple : une idée dans la première phrase qui est ensuite développée dans les phrases suivantes. Privilégier des paragraphes courts avec de nombreux retours à la ligne aère le texte et le rend plus agréable à lire.

écrire un roman porte fermée pour garder son inspiration4- Il recommande d’écrire son premier jet de roman aussi vite que possible (lui met en moyenne 3 mois), avec la porte fermée pour exiger la tranquillité, le temps de saisir l’essence de notre idée (qu’il compare à un fossile qu’on déterre). Puis, il dit de laisser reposer au moins six semaines avant de relire notre histoire en prenant uniquement des notes sur une feuille à part du texte (pour ne pas le retravailler tout de suite et partir dans tous les sens).
Ensuite seulement vient le moment de la réécriture, avec la porte ouverte pour laisser s’inviter les influences du monde extérieur, notamment les avis de notre Lecteur Idéal. Orson Scott Card parle de Lecteur Avisé, je posterai un article pour expliquer les différences entre ces 2 idées.

5- Stephen King explique de quelle façon il fait pour écrire une histoire : il part d’une situation dramatique et interroge les réactions des personnages, sans savoir le dénouement à l’avance. Par exemple, un flic devient fou et emprisonne d’honnêtes citoyens = « Désolation ».
Il conseille purement et simplement (tiens, des adverbes de manière !) de laisser tomber le travail quasi-scientifique de construction de l’intrigue et d’aller droit où nous mène le premier jet. Ce n’est qu’ensuite, à la réécriture, que l’on pourra s’attacher à faire ressortir le thème et la symbolique de l’histoire pour la rendre plus riche, plus percutante.
Certains diront « oh oui, mais c’est King », sous-entendu qu’il a un talent exceptionnel et que nous, nous ne pouvons pas. Mais je ne suis pas d’accord. Il faut d’abord essayer et réessayer de nombreuses fois avant de décréter que l’on n’est pas capable d’employer cette méthode d’écriture avec succès.
Il propose d’ailleurs au lecteur un petit exercice d’écriture partant d’une situation, pour voir les résultats produits. Je compte bien m’y essayer prochainement.

En conclusion

Que vous aimiez Stephen King ou non, je vous recommande « Écriture, mémoires d’un métier » car ce livre est truffé de conseils sensés pour améliorer sa qualité d’écriture et mieux vivre ce métier. Peut-être ne serez-vous pas sensible à la première partie autobiographique comme je l’ai été, mais les autres parties sont vraiment riches d’enseignements et l’auteur s’appuie sur des exemples personnels concrets.

 

Et vous, qu’avez-vous pensé de ce livre ? Qu’en avez-vous tiré d’utile ?

20 réflexions au sujet de “5 leçons tirées du livre de Stephen King « Écriture »”

  1. Bonjour Jérémie,

    Trés bon article; j’ai vraiment (un mot lourd en -ment 😉 )adoré ce livre de Stephen King, où on a le droit à la fois à une autobiographie de l’auteur et son approche de l’écriture. Je l’ai d’ailleurs relu plusieurs fois à intervalles réguliers et pense le refaire sous peu. Il y a des rêgles que j’essaie toujours d’appliquer notamment (oups adverbe) la formulation de la phrase à la voix active et la structuration de la phrase.
    Il insiste beaucoup sur le fait d’écrire tous les jours (2000 mots me semble-t-il comme cible ?), peu importe que l’on soit inspiré ou non, il faut créer cette mécanique récurrente, cette mise en oeuvre de l’écriture et peut-être qu’à un moment cette petite muse planquée décidera de s’inviter au bon horaire. Depuis le début de mon projet de roman j’essaie de mettre cette rêgle en oeuvre et d’écrire, au moins un peu, tous les jours…
    Un très bon livre, que je trouve positif, donnant toujours envie de se remettre à la tache.

    A bientôt,
    Nicolas

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    • Bonjour Nicolas !
      Content d’apprendre que tu as toi aussi lu (et relu) ce livre. Je pense que je le relirai aussi dans plusieurs mois.
      J’adopte de plus en plus la voix passive et ça rend effectivement en effet les phrases et les actions plus fortes.
      Et oui, King cible les 2000 mots par jour ! Ça fait beaucoup, mais il dit ne pas quitter son bureau jusqu’à les avoir écrits. J’espère que ton roman avance bien, le mien pas trop en ce moment (beaucoup d’autres choses à faire), mais j’y pense souvent.
      A bientôt,
      Jérémie

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    • Bonsoir Gab,
      Oui, Stephen King travaille beaucoup pour écrire ses romans. C’est ça que je trouve intéressant dans les biographies de gens « célèbres » : on s’aperçoit qu’ils ont rencontré et rencontrent encore des difficultés tout comme nous. Il y a eu un jour où ils débutaient 😉
      A bientôt,
      Jérémie

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  2. Je suis un grand fan du style littéraire de Stephen King, je crois que j’ai à peu près tout lu le concernant, je regrette juste qu’il n’y est pas eu un peu plus d’adaptation cinématographique de ses oeuvres.

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    • Bonsoir Emmanuelle,
      Je n’en ai pas lu autant que toi de King, mais sûrement qu’en dehors de « Carrie », d’autres de ses romans auraient mérité une adaptation sur grand écran. Mais peut-être dans quelques années y aura-t-il une mode d’adapter ses livres, comme ce fut le cas avec quelques livres de Philip K. Dick ou en ce moment avec les Comics de Marvel.
      A bientôt
      Jérémie

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  3. bonsoir; franchement pour moi king est un maitre autant par sa maniere d ecrire qui est fluide simple qu on lit sans forcer ou reflechir les images decrite dans ses livres envahissent notre esprit en toute simplicite et on a aucun mal a imaginer le decor les personnages etc… ses histoires ont un rythmes soutenus qui ne s essouffles pas et qui ne s affaiblit pas non plus!!! non vraiment j ai lu beaucoup de livre ( je dirais meme devorer) mais j ai toujours attendu avec impatience les siens!!!! une fois j ai lu dans un de ses avant propos que certaine histoire provenait de ses peurs!!! lol des peurs tres inspiratrices!!! il n y qu un autre auteur qui me passionne suffisament en dehors de king s est loveccraft !!! et je pense que je vais commander se livre car l ecriture ma toujours passionner !!!je suis ravie d avoir trouver votre page dans tous les cas

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    • Bonsoir Véronique et merci pour votre commentaire enthousiaste 😉
      Je suis content que cet article vous ait intéressé, si vous aimez autant Stephen King, vous serez ravie de tous les détails autobiographiques que vous trouverez dans ce livre.
      Je pense que s’il a réussi à toucher un aussi large public, c’est bien parce que son style d’écriture est très accessible et efficace (effectivement, on s’imagine très bien les scènes !). Dans le même genre, je trouve qu’il y a Pierre Grimbert, avec sa saga de Ji. J’essaie de m’imprégner de sa façon d’écrire qui est très vivante et fluide. Ces temps-ci, ses romans constituent pour moi une source d’inspiration 😉
      A bientôt,
      Jérémie

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  4. Bonjour,
    Concernant la voix active, je suis totalement d’accord, cela apporte plus de logique, de clarté, de simplicité au niveau de l’attribution. Par contre si on tient quand même à utiliser une peu de voix passive, dans ce cas mieux vaut être extrêmement précis au niveau du « qui a fait quoi ».

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  5. Bonjour Jérémie! Tout comme toi, j’ai lu avec enthousiasme ce petit livre rempli de bons conseils. J’ai eu ma passe ‘Stephen King’ dans ma jeunesse même si j’en lis beaucoup moins aujourd’hui. J’essaie d’appliquer ces sages conseils. Sa vision des ‘fossiles’ m’a intrigué. Ce que je retiens comme le message le plus important est celui de la vérité. On doit écrire sur ce que l’on connait, y insuffler notre propre vérité. C’est un must pour tout les écrivains en herbe.

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    • Bonjour Carole,
      Par rapport à écrire la vérité, ça m’a aussi fait réfléchir quand il écrit qu’il faut faire parler les personnages d’une façon qui leur correspond. Que s’ils doivent mâcher leurs mots, mal construire leurs phrases ou jurer, il ne faut pas hésiter à le faire, c’est ça qui fera que le lecteur y croira (et tant pis pour les quelques uns que ça choquera).
      Mais bien sûr, il ne conseille pas par là de truffer ses dialogues de jurons 😉
      A bientôt,
      Jérémie

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  6. J’adore Stephen King je le considère vraiment comme un génie, bizarrement je ne l’ai pas découvert via son oeuvre littéraire mais via un clip, celui de Michael Jackson (Ghost), un court métrage qui l’avait lui même écrit et dans lequel on retrouve vraiment son univers.

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    • Bonjour,
      Je ne savais pas qu’il avait écrit ce clip, marrant comme façon d’exprimer sa créativité 😉
      A bientôt,
      Jérémie

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  7. Vraiment bien ces conseils, j’ai commencé à les appliquer et j’ai eu des résultats encourageants. Eh oui la tranquillité c’est indispensable, surtout pour mettre une ambiance ou visualiser une scène mais tout le monde n’a pas la chance de pouvoir écrire sans être dérangé. Merci infiniment pour cet article.

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    • Bonjour Rikomer,
      Tant mieux si cet article a contribué à améliorer votre pratique 😉 Effectivement, la tranquillité est nécessaire pour écrire et s’immerger dans son récit. Certains choisissent parfois de se faire des nuits d’écriture pour profiter de ce moment de solitude, en acceptant l’inconvénient de la fatigue le lendemain. Nicolas en parle sur son blog ici : http://ndelalondre.wordpress.com/2013/04/12/jusquau-bout-de-la-nuit/
      A bientôt,
      Jérémie

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  8. J’ai beaucoup aimé ce livre car Stephen king fait preuve d’honnêteté par rapport à ses difficultés dans l’écriture et dans l’écriture d’un roman. Maintenant il y a des choses avec lequel je ne suis pas d’accord mais qui n’entrave en rien mon admiration pour cet auteur.

    Supression des adverbes de manière : je suis d’accord il faut faire attention à ne pas trop en utiliser même moi cela m’énerve quand je lis des romans.
    Suppression de la voix passive : pas d’accord je pense seulement qu’il faut éviter la répétition du « fut » trés génant à la longue mais en aucun cas supprimer la voix passive. Elle a été créer pour être intégrer dans la grammaire française alors utilisons là.
    Banalisation des verbes déclaratifs: j’aime bien dire « dit-il » mais à la longue la répétition m’ennuie ceci dit cela ne sert à rien de le remplacer avec des mots recherchés que le lecteur n’arrivera pas à comprendre ou ne voudra pas chercher dans un dictionnaire.
    Structuration des paragraphes : totalement d’accord c’est plus simple à lire.
    Maintenant pour les deux autres conseils je ne pourrai pas me prononcé n’ayant jamais pu terminer un roman

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    • Bonsoir Lunawen,
      Concernant les deux derniers conseils de Stephen King, je n’ai toujours pas pu expérimenter celui d’écrire son premier jet de roman d’une traite car le scénario sur lequel je travaille ne me satisfait pas. Mais je pense que son conseil doit sans doute être judicieux pour écrire tout le roman dans une même énergie, une même « vision » de l’histoire… Après, on peut aussi manquer de recul ou accumuler certaines erreurs tout du long, ce qui compliquera le travail de correction. J’en saurai plus quand je l’aurai vécu 😉
      Pour le dernier conseil, je dois dire que même si j’ai trouvé de cette façon l’idée générale du roman sur lequel je travaille actuellement, je ne me sentirais pas à l’aise pour l’appliquer à l’échelle de tout un roman. Chacun travaille différemment.

      Concernant la voie passive, personnellement, je trouve qu’elle amène souvent des formulations longues et un peu alambiquées, peu adaptées pour les descriptions ou les actions. Histoire de goûts personnels. Et pour le « dit-il », pour en avoir fait l’expérience, je trouve que c’est une formulation qui ne retient pas l’attention, nos yeux (les miens en tout cas) glissent dessus même s’il y en a beaucoup, ce n’est donc pas choquant. Mais varier un peu n’est de toute façon pas difficile.
      A bientôt,
      Jérémie

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